Les voies du Seigneur sont impénétrables

Sopal

Je suis né en Afrique de l’Est [Dar es Salaam] dans une famille sikhe le 18 décembre 1940. Quand j’avais 17 ans, je me suis rebellé contre ma religion ; je me suis fait couper mes cheveux longs et me suis rasé la barbe. Mes parents, surtout ma mère, n’étaient pas heureux de moi. J’étais le fils ainé et ma mère était d’avis que mes frères et sœurs suivraient mon exemple.

Sopal

Je me jouissais de ma vie. Lorsque je me promenais en voiture avec mes amis, je m’asseyais dans le siège en avant, la fenêtre baissée et je regardais mes cheveux flotter dans le vent. Quand j’étais jeune, nous regardions les films de John Wayne, comme « The White Hunter » (Le chasseur blanc). Je disais à mes amis que lorsque je serais grand, j’allais être le « chasseur brun » et que j’allais faire beaucoup d’argent. Quand j'avais 20 ans, j’ai demandé à mon père s’il serait d’accord si je déménagerais en Angleterre. Il m’a répondu « Oui ».

Émigration vers l’Angleterre

Je suis arrivé en Angleterre en 1960 et c’est là où ma vie allait changer...neuf ans après mon arrivée au pays. Je n’avais pas encore rencontré ma future épouse et je ne savais toujours pas où j’allais vivre, malgré le fait que j'avais voyagé 3 549 milles. Un de mes amis de l’Afrique est venu me rencontrer et m'a demandé si je voulais déménager au petit village de South Hall, au compté de Middlesex, avec lui. Nous y sommes arrivés tard et, le matin, je me suis réveillé et ai regardé par la fenêtre. Je croyais que j’étais en Afrique et me suis excusé auprès de mon ami, en lui disant que j’allais continuer mon chemin. Quand je suis monté dans l’autobus, j'ai donné de la petite monnaie au conducteur et lui ai dit de me laisser descendre lorsque mon passe serait expiré.

 J’ai vu une annonce pour un forfait couette et café pour cinq livres par semaine seulement. J’ai composé le numéro et j’ai expliqué à la personne qui j’étais et d’où je venais. Elle a commencé à m'expliquer comment me rendre chez elle, mais je me suis vite rendu compte que j’étais trop nouveau dans le coin pour suivre ses directions. Elle est venue me chercher.

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L’armée britannique m’a offert un poste comme civil; je faisais du ménage de l’usine. Une journée, au déjeuner, l’un des ouvriers m'a demandé ce que je faisais comme travail en Afrique. Je lui ai répondu que j’étais mécanicien de machinerie lourde. Après la pause, il est allé en parler avec le gestionnaire. Le lendemain, j’ai commencé à travailler comme mécanicien.

Deux ans sont passés. Un jour, deux jeunes filles ont frappé à ma porte et m’ont invité à une réunion du club des jeunes libéraux. Le lendemain, nous avons marché ensemble jusqu’au pub où la réunion allait avoir lieu. Quand j’ai ouvert la porte pour ces deux filles, j’ai vu une jeune fille assise à une table et elle prenait des notes. Je me suis dit : « C’est bien elle la femme pour moi ». Nous avons commencé à sortir ensemble, puis, en 1965, nous nous sommes fiancés. Elle m’a expliqué qu’elle avait rebellée contre l’église anglicane lorsqu’elle avait 15 ans et qu’elle est athée.

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Le mariage et les missionnaires

Jen et moi nous sommes mariés en 1967. Nous vivions une expérience merveilleuse ; notre premier fils est né en 1970. En août 1970, lorsque je suis rentré de ma journée de travail, quelqu’un a frappé à la porte. J’ai ouvert la porte et là, devant moi, il y avait deux jeunes hommes. L’un d’entre eux m’a dit « Nous sommes les missionnaires de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours et nous avons un message à partager avec vous ». Je leur ai répondu que nous ne croyions pas en Dieu et au moment où je fermais la porte, l’un des missionnaires m'a dit : « Dieu vous aime ». Ma femme était dans la cuisine et notre fils dormait dans le landau. J’ai demandé à Jen si elle croyait vraiment que Dieu nous aime. Elle m’a répondu : « Vous savez bien que nous n’y croyons pas, alors pourquoi me poses-tu la question? » Je lui ai expliqué qu’il y avait deux « yankees » devant la porte qui me disent que Dieu m’aime. Je vais les inviter à entrer.

Les missionnaires sont entrés dans notre maison et j'ai demandé à Jen de se joindre à nous. Elle a regardé sa montre et a décidé de nous joindre, en sachant au fond que notre fils allait se réveiller dans les cinq prochaines minutes et elle pourrait alors s’excuser de la discussion. Notre fils, par contre, a dormi pendant toute la réunion et, à la fin de la réunion, les missionnaires nous ont demandé de prier. Je leur ai dit : « Nous ne savons pas comment ni à qui prier ».

Ils nous ont appris une courte prière.

Nous Père céleste,

Nous Te remercions.

Nous Te demandons.

Au nom de Jésus-Christ, amen.

Cette nuit, quand nous nous sommes couchés, j’ai dit à Jen : « Nous allons prier ». Elle me répond : « Mais, tu rigoles. Tu sais qu’il n’y a pas de Dieu ». J’ai insisté que nous priions et que Jen offre la prière. Alors, Jen a prononcé la prière, tout comme les missionnaires nous l’avions appris. « Père céleste, nous Te remercions de notre fils, et nous Te demandons de le protéger, au nom de Jésus-Christ, amen ».

Le lendemain, lorsque Jen éteignait le linge, elle avait eu l’impression que notre fils avait vécu dans une autre vie.

Missionaries

Le baptême

Quand les missionnaires nous ont présenté l’idée du baptême, nous leur avons répondu dans la négative. Je voulais retarder le baptême parce que je voulais passer le mois de décembre à fêter Noël à prendre quelques verres avec mon beau-père. Nous avons été baptisés à la fin de 1970. Je n’étais pas encore converti, et j’avoue que je m’ennuyais de mon tabac et des verres. En 1972, j’ai quitté l’église ; Jen est devenue moins active aussi, surtout parce qu’elle avait maintenant deux petits enfants à la maison et qu’il lui était davantage plus difficile de rendre à l’église. Elle continuait à prier chaque nuit qu’elle trouverait un moyen pour se rendre à l’église.

Le retour à l’église

Peu après, un jeune couple, Tom et Cathy, ont déménagé dans la maison voisine. Lorsque je faisais le tour du quartier avec Tom, je lui ai montré notre petit pub et lui ai expliqué comment nous allions passer nos soirées en dedans. Il m’a dit : « Mais, je ne bois pas ». Peu après, j'ai appris qu’il ne fumait pas, ne buvait ni le thé ni le café et qu’il était membre de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Lorsque Jen a appris cette nouvelle, elle s’est présentée au jeune couple. Elle pouvait dorénavant aller à l’église tous les dimanches. Dimanche, Tom m’a demandé d’être son compagnon pour faire les visites au foyer. J’ai accepté, à condition que je n’aie jamais à faire la leçon. Il a tenu parole.

Conversion

Un jour, Jen m’a demandé si je pouvais la déposer au centre de pieu pour qu’elle reçoive sa bénédiction patriarcale. Je lui ai répondu dans l'affirmative, mais j’étais bien mal à l'aise parce que je fumais un paquet de cigarettes par jour. Lorsque le patriarche lui prononçait sa bénédiction, je me disais « non » dans ma tête à tout ce qu’il disait. Non, mes garçons ne partiraient jamais en mission, mais suivraient plutôt les manières de leur père. À la fin de la bénédiction, il nous a demandé s’il pouvait offrir une prière. La prière entière était offerte pour moi. Une fois rentré, je me suis assis sur le fauteuil et j'ai sorti une cigarette. Mais, je ne pouvais pas l’allumer. Après que je me suis tourmenté pour quelques temps, j’ai dit à Jen que j’allais rencontrer le président de branche parce que je ne comprenais plus ce que le patriarche m'avait fait. J’ai expliqué au président de branche comment je ne pouvais allumer ma cigarette. Il m’a répondu, en souriant : « Nous allons en discuter d’ici quelques mois, une fois que tu auras eu quelques temps pour te réveiller ». Je suis rentré et j'ai pris mes cigarettes. Je les ai écrasées et les ai jetées dans la poubelle. J’ai ensuite versé ma bière faite maison dans l’évier. Je n’y suis jamais retourné.

Cardston Temple

En 1973, j’étais ordonné comme Elder. Un mois plus tard, nous avons visité le temple d’Angleterre. Le lundi suivant, Tom a appris qu’il avait été transféré et qu’il retournait chez lui. Nous sommes toujours de bons amis.

Nous avons déménagé au Canada en 1975, d’abord au Nouveau-Brunswick, puis en Alberta. Ma femme Jen est décédée depuis, mais je regarde toujours vers l’avant. Je travaille aujourd’hui comme servant des ordonnances au temple de Cardston Alberta. Et oui, mes enfants - tous les trois - sont allés en mission.