Souliers, Sabbat, Sainte-Cène : quand l’ordinaire devient extraordinaire
Tiré d’une entrevue avec président Chris Woodward et sa famille concernant un discours sur l’observance du jour du Sabbat et le caractère sacré de la Sainte-Cène donné lors de la conférence de Pieu de Surrey, en Colombie-Britannique
À première vue, la famille Woodward ressemble à toute autre famille ordinaire : un père, une mère, une fille de 14 ans et trois garçons âgés de 12, 10 et 7 ans. Président Woodward est deuxième conseiller dans la présidence du Pieu de Surrey, et une partie de cette responsabilité a mis sa famille dans une position quelque peu extraordinaire pendant une récente conférence de pieu. Lorsque les regards se sont portés sur eux pendant un jeu de rôle ce samedi soir, on aurait pu croire qu’ils avaient été choisis comme exemple parce qu’ils sont extraordinaires d’une certaine façon. Sœur Woodward a toutefois dissipé cette idée lorsqu’elle a fait remarquer devant toute l’assemblée du pieu que « Ethan porte deux souliers différents à cet instant même ». En entendant cela, le jeune garçon de 10 ans a ralenti le balancement de ses pieds, a regardé et a fait signe qu’en effet il portait deux souliers différents. Après cela, nous savions que nous vivons tous des expériences semblables, les expériences ordinaires de la vie. Cependant, président Woodward a également rappelé que nous partageons aussi des expériences extraordinaires.
Pendant une discussion sur la façon de mieux ressentir l’esprit pendant le jour du Sabbat, les Woodward ont acté une soirée familiale sur une scène montée à l’avant de la chapelle. Président Woodward a demandé à sa famille de nommer des choses qui créent du stress le dimanche et de suggérer des façons d’y remédier. Leur fille a indiqué que le fait de se lever tard crée du stress et cause immédiatement du retard. Sœur Woodward a ajouté : « Ce sont les souliers, essayer de trouver les souliers, cela prend du temps et crée du stress pour tout le monde ». Un murmure d’acquiescement s’est élevé de la congrégation. C’est à ce moment qu’elle a remarqué que son fils portait deux souliers différents et c’est à ce moment-là qu’il nous a indiqué que c’était normal, pour lui du moins.
« Des petites choses font toute la différence, affirme sœur Woodward. Mon mari doit participer à des réunions tôt le matin, donc lorsque nous nous préparons, les souliers peuvent faire toute la différence. Nous sommes tous moins stressés lorsque les vêtements, les collations et les souliers sont prêts. Des petites choses peuvent faire une grosse différence dans notre attitude et notre sentiment à l’égard des réunions et de la journée ». C’est sans aucun doute un pas dans la bonne direction. La famille Woodward a de la chance, ils ont des souliers spécialement pour le dimanche. Il y a beaucoup de famille qui peuvent se payer ce luxe, mais pas toutes. Certains doivent transformer leurs souliers de tous les jours en souliers du dimanche. Le jour suivant, dans son discours du dimanche de la conférence, président Woodward a abordé précisément ce sujet, rendre les choses ordinaires extraordinaires, voire même leur donner un caractère sacré.
« Le soir de son dernier repas, Jésus-Christ voulait utiliser quelque chose pour rappeler à ses apôtres qui ils étaient vraiment. Même s’ils devaient retourner à la pêche pour nourrir leur famille, ils n’étaient plus seulement des pêcheurs, mais des disciples de Jésus-Christ. Il a pris du pain, peut-être le plus commun ou le plus simple des aliments et l’a transformé en un symbole du corps de l’être le plus puissant qui a marché sur terre. Il a fait la même chose avec le vin, qui représentait son sang, et il a demandé à ses amis de refaire cette cérémonie régulièrement pour que cela puisse créée un sentiment d’unité entre eux et leur rappeler qui ils étaient. C’était le début de la Sainte-Cène que nous avons maintenant. Nous donnons à des choses simples et courantes un caractère puissant. Enfin, c’est presqu’une synthèse du plan de Dieu pour chacun de nous. Il sait que chacun de nous, qui sommes des personnes ordinaires avec toutes nos limites personnelles, a le potentiel pour devenir quelqu’un d’extraordinaire. Il sait cependant que nous avons besoin d’aide pour accomplir cette transformation. La Sainte-Cène est un moyen de nous aider. Il en est ainsi du jour du Sabbat, ce jour sacré où nous célébrons la Sainte-Cène. Le Sabbat reprend le même modèle de base de Dieu, prendre quelque chose d’ordinaire et en faire quelque chose d’extraordinaire, affirme président Woodward.
En fait, le dimanche est une journée comme toutes les autres. Le soleil se lève et se couche. Statistiquement parlant, cette journée n’est pas plus ensoleillée ou pluvieuse qu’une autre journée de la semaine. C’est un jour comme les autres, et pour la plupart des gens autour de nous, le samedi et le dimanche sont pratiquement interchangeables. Par contre, le Seigneur nous a demandé de faire de cette journée quelque chose de différent.
Comment réussir à faire cela, c’est une question que beaucoup d’entre nous se posent. De nos jours, on ne nous donne pas une liste de règles à suivre, mais plutôt une loi plus grande selon laquelle il faut offrir un cœur brisé et un esprit contrit. C’est un commandement auquel on ne peut obéir simplement en cochant une liste de choses à faire et à ne pas faire. Il faut plutôt réfléchir au modèle de base dont nous avons déjà parlé… prendre quelque chose d’ordinaire et en faire quelque chose de différent et d’édifiant. », ajoute président Woodward.
Sœur Woodward a parlé des efforts de la famille pour faire des dimanches un jour du Sabbat. « Même avant qu’on nous demande de faire une présentation pour la conférence, nous avions parlé de ce que nous pourrions faire pour être plus révérencieux le jour du Sabbat. Nous avions déjà essayé d’appliquer nos idées, mais en étant sur la scène, nous nous sommes sentis plus responsables ». Chaque membre de la famille a un rôle à jouer. Leur fille met de la musique sacrée et range la maison le samedi soir. « Le Saint-Esprit ne n’habite pas dans des lieux malpropres, alors je fais le ménage de la maison ainsi la famille n’est pas stressée et le Saint-Esprit peut demeurer avec nous », dit-elle. Président Woodward est d’accord : « C’est seulement plus agréable quand tout est rangé ». Leur fils de 10 ans décide de choisir ses vêtements et s’assure ainsi que tout est prêt, y compris les deux mêmes souliers. « J’essaie de me coucher tôt le samedi soir », affirme-t-il. Le plus jeune fils dit : « Je me réveille tôt le dimanche ». L’aîné des garçons, un diacre, considère avec plus de sérieux sa responsabilité de passer la Sainte-Cène. « Nous aimons courir dans la cour, mais le jour du Sabbat, nous essayons de ne pas le faire afin de ne pas salir nos vêtements du dimanche », avoue-t-il.
Par contre, la famille ne demeure pas assise sur le divan dans leurs beaux vêtements du dimanche à attendre que la journée soit terminée. « Nous essayons de jouer à des jeux de société ou de faire des choses de ce genre, affirme sœur Woodward. Les garçons veulent construire un modèle réduit du temple de Salt Lake avec des blocs Lego ». « Oui, nous en sommes encore à la planification », affirme un des garçons. La fin de semaine, président Woodward laisse son épouse se reposer et prépare la plupart des repas. « Je m’en tiens à des repas simples qui ne demandent pas beaucoup de travail », avoue-t-il. La famille est sur le point de terminer les bilans de santé et les vaccins de tous les enfants afin qu’ils puissent rendre visite aux personnes âgées dans les établissements de soins de santé de la collectivité le dimanche après-midi. « Notre but est de servir les gens, de les divertir et de bavarder avec eux. Nous ressentons alors la joie d’avoir rendu leur dimanche plus agréable », affirme sœur Woodward. « De toute nos journées, le jour du Sabbat est peut-être un des meilleurs exemples de la loi des récoltes, surtout dans notre famille, explique président Woodward. Nous récoltons ce que nous semons. Nous montrons à nos enfants ce qui a vraiment de la valeur pour nous le dimanche. En fait, nos actions sont une meilleure façon d’enseigner nos enfants que n’importe quelle leçon de l’École du dimanche. Si nous choisissons de ne pas respecter le jour du Sabbat, ne soyons pas surpris si plus tard nos enfants n’accordent pas la priorité à la spiritualité dans leur vie. »
« Nous nous améliorons », admet sœur Woodward. « Je crois que nous pouvons trouver d’autres choses à faire pour devenir meilleurs », affirme le fils aîné.
« Peu importe ce que nous faisons, nous devons nous rappeler que Jésus a enseigné que le jour du Sabbat a été créé pour nous et non le contraire, met en garde président Woodward. Je crois que cela signifie que nous devons transformer cette journée afin que cette journée puisse à son tour nous transformer. J’aime ce mot-clic #BESTDAY. Nous devons faire du Sabbat la ‘meilleure journée de la semaine’. Si vous en faites une journée spéciale, vous devenez spécial. Cette attitude apportera du calme dans votre vie, témoigne président Woodward. Le jour du Sabbat revêt une importance vitale et est revitalisant dans un monde de distractions constantes. Je peux affirmer sans aucun doute que personne en ce monde ne deviendra quelqu’un d’extraordinaire ni n’accomplira quoi que ce soit d’importance, spirituelle ou autre, si elle vérifie son compte Instragram toutes les cinq minutes. C’est impossible. Nous avons besoin des moments que nous offre le jour du Sabbat. Nous devrions nous rappeler que si nous accordons la priorité au jour du Sabbat, avec le temps, le calme et la spiritualité que nous en tirerons changera chacun de nous. Nous sommes comme le simple pain qui devient la Sainte-Cène. Nous sommes comme la journée habituelle qui devient le jour du Sabbat. Vous et moi sommes des gens ordinaires, mais à un moment donné, quelque chose dans ce vaste et merveilleux évangile touche notre cœur et nous aide à comprendre que nous aussi, nous pouvons être transformés et devenir quelqu’un de bien meilleur avec l’aide de Dieu. »
En fin de compte, ce qui est merveilleux en ce qui concerne la bénédiction du jour du Sabbat, c’est que cette bénédiction est à notre portée à tous, peu importe qui nous sommes et où nous en sommes dans notre cheminement spirituel. Nous venons de différents milieux, mais notre unité dans le Christ brille de tout son éclat le jour du Sabbat plus que n’importe quel jour. Ce que nous devrions faire le jour du Sabbat est essentiellement pareil peu importe notre âge, notre situation, nos antécédents ou notre structure familiale. Le fait que nous sommes tous égal devant Dieu n’est jamais si bien démontré que dans les activités que nous faisons le dimanche. Prenez par exemple la Sainte-Cène, l’activité la plus importante du jour du Sabbat. Lorsque nous portons le pain et l’eau à nos lèvres, sommes-nous différents les uns des autres? Y a-t-il une différence dans ce geste ou dans sa signification? L’âge, le sexe, l’appel, la scolarité, la santé, la richesse, tout cela disparaît. Une fois par semaine, nous sommes tous exactement les mêmes personnes, des frères et des sœurs dans le Christ ». Et ça, c’est extraordinaire!
