Un événement traumatisant, même s’il survient tôt dans la vie, peut devenir un élément permanent de la fondation d’un témoignage. Voici mon histoire, dont je garde encore un vif souvenir après toutes ces années.
Tout a commencé une magnifique journée où notre famille a quitté sa ferme dans notre petite collectivité pour aller magasiner dans la grande ville. J’avais pu porter mon manteau de daim à franges préféré pour ce grand jour. Je me souviens que maman et papa avaient amené toute la famille. C’était l’été ou le début de l’automne.
Eaton était un magasin populaire pour les familles de baby‑boomers, un seul magasin pour tous les âges où l’on pouvait acheter tout ce qu’on pouvait désirer, que ce soit des vêtements, des objets pour la cuisine, la chambre à coucher ou toute autre pièce de la maison. Pour un petit garçon de quatre ou cinq ans, c’était un immense magasin de deux étages, mais surtout, il y avait des escaliers roulants pour s’amuser.
Ma sœur aînée et moi avons commencé un jeu amusant dans les escaliers. Nous faisions la course pour voir qui réussirait à monter et à descendre le plus rapidement pour surprendre l’autre en haut ou en bas de l’escalier. Nous avions beaucoup de plaisir, mais ma sœur a dû se fatiguer du jeu ou encore c’est maman qui nous a dit d’arrêter. Je n’ai pas entendu ou j’ai désobéi ou encore je ne voulais tout simplement pas que le plaisir cesse.
Tout à coup, je n’ai plus vu ma sœur dans l’escalier. Après avoir monté et descendu quelques fois sans voir ma sœur, je me suis dit dans ma tête de petit enfant qu’ils avaient dû retourner à la voiture. Je suis donc sorti du magasin pour aller trouver la voiture et ma famille. Je pensais me souvenir où la voiture était garée, mais je n’arrivais pas à la trouver alors j’ai continué à marcher en me dirigeant vers le Sud.
J’ai donc continué à marcher vêtu de ma veste en peau de daim à franges. J’ai marché et marché pendant des heures. Je me suis enfin rendu compte que j’étais perdu, seul et apeuré dans la grande ville, et le soleil allait bientôt se coucher. Je me souviens encore des longues ombres que projetaient les arbres sur les rues et je tentais d’ignorer le sentiment de peur qui montait dans ma gorge et mes oreilles.
Au magasin Eaton, le personnel avait cherché partout afin de retrouver un petit garçon vêtu d’une veste en peau de daim à franges qui avait pu se cacher ou s’être endormi quelque part. Par ailleurs, la police avait demandé à la station radio de diffuser le message qu’un petit garçon portant une veste en daim à franges était perdu dans Lethbridge. On avait parlé de moi aux nouvelles locales.
On m’avait enseigné à prier
Pendant mon enfance, ma mère m’avait enseigné à prier et il lui arrivait souvent de dire la prière avec moi à l’heure du coucher. J’allais à la Primaire à l’église et dans les leçons, on disait que Dieu me connaissait et qu’Il répondrait à mes prières. « […] car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez » (Matthieu 6:8). En marchant, je me suis mis à penser à ce que ma mère et mes instructeurs de Primaire m’avaient enseigné. PRIE! J’ai trouvé une haie, je me suis caché derrière, je me suis agenouillé et j’ai prié pour avoir de l’aide. Je ne me souviens pas exactement de ce que j’ai dit, mais je me suis senti mieux après avoir prié. J’ai fait ce qu’on m’avait enseigné de faire. « Tout ce que vous demanderez avec foi par la prière, vous le recevrez » (Matthieu 21:22).
Très peu de temps après avoir prié, une dame dans une maison de l’autre côté de la rue m’a appelé. Elle a dit « Petit garçon, est-ce que tu es perdu? ». Je me souviens avoir seulement baissé la tête, le regard fixé sur le sol, sans répondre. Encore une fois, elle m’a demandé « Petit garçon, est-ce que tu es perdu? Toutefois, je n’arrivais pas à répondre. Elle savait que j’étais le petit garçon à la veste de daim à franges dont on avait parlé à la radio. Elle et sa fille étaient tellement gentilles, elles m’ont donné des biscuits et du lait que je n’ai pas touchés. Je restais simplement assis là, tête baissée à regarder le plancher de linoleum, me demandant si j’allais revoir ma famille un jour.
Peu de temps après, une voiture de police bleue, ses gyrophares allumés, est arrivée avec deux agents à bord. Malgré leurs questions et leurs plaisanteries amicales, je ne leur ai pas répondu non plus. J’imagine que j’avais été frappé par le « complexe de Moïse », étant lent à m’exprimer. Peut‑être aussi que j’avais appliqué un peu trop à la lettre le conseil de mes parents de ne pas parler aux étrangers.
Ma foi en la prière est simple et immuable
Il faisait nuit dehors lorsque nous sommes arrivés au poste de police. Je me rappelle vaguement les larmes de joie versées lorsque j’ai été réuni avec mon père et mes sœurs. On m’a dit qu’ils avaient passé un après-midi dans la peur même si mes parents avaient fait de leur mieux pour bloquer les images des rails de chemin de fer et d’une rivière à proximité, des centaines de voitures et de choses pires encore. Ces longues heures avaient été bien difficiles.
Je me souviens très bien du sentiment de réconfort, de sécurité et d’amour émanant de ma mère qui m’avait cajolé et réconforté pendant tout le trajet de retour jusqu’à la maison. Comme je suis chanceux de pouvoir me souvenir et de pouvoir apprécier encore aujourd’hui ce précieux sentiment d’amour de ma mère.
Il va sans dire que grâce à cette expérience, la prière est devenue quelque chose de réel pour moi, plus qu’une pratique ou qu’un rituel. Je crois qu’une prière dite par un petit garçon perdu vêtu d’une veste en peau de daim à franges agenouillé derrière une haie a été entendue par un Père céleste aimant et qui a permis qu’on me retrouve sain et sauf.
Ma foi est aussi simple que cela. Ma foi en la prière est toujours vivante. Si nous ouvrons la porte, le Seigneur entrera. N’oubliez pas de prier.
Encore quelques idées
Mon aventure a eu une fin heureuse et j’en suis très reconnaissant. Voici quelques idées à envisager :
Si vous voyez ou croyez reconnaître une âme perdue, soyez une réponse à sa prière.
Prier pour obtenir de l’aide dès l’apparition d’un défi et à la fin de ce dernier.
Et bien sûr, priez toujours.
« Mais voici, je vous dis que vous devez toujours prier, et ne pas vous relâcher ; que vous ne devez rien faire pour le Seigneur sans tout d’abord prier le Père, au nom du Christ, qu’il consacre votre œuvre à vous-mêmes, afin que votre œuvre soit pour le bien-être de votre âme » (2 Néphi 32:9).