Ce voyage a sûrement comporté des difficultés similaires à celles rencontrées par les pionniers, car ils avaient deux jeunes enfants – un de deux ans et demi et un autre de onze mois. Je suis certaine que ma mère a enduré de nombreuses difficultés lors de ce voyage alors qu’ils campaient pendant la nuit et cuisinaient tous leurs repas sur un feu de camp. Ils étaient sept personnes en tout – trois enfants, ma mère, mon père et deux jeunes hommes qui voulaient se rendre au Canada.
À leur arrivée à Cardston, le 1er novembre, 1895, ils ne leur restaient qu’un dollar. Ils ont emménagé dans une petite maison de deux pièces. Heureusement, ma mère a trouvé plusieurs timbres américains dans un petit livre de la maison. Elle les a utilisés pour écrire à sa famille et plusieurs lettres sont arrivées en Utah avant que le bureau de poste ne découvre que les timbres n’étaient pas canadiens.
Leur premier hiver a été difficile. À leur arrivée au Canada, ils avaient demandé à un homme si c’était un bon pays et il leur a dit, « C’est un bon pays, mais vous devez avoir un mandat de perquisition pour trouver un dollar. »
Dans la deuxième année après leur arrivée, ils se sont établis sur une terre près de ce qui est aujourd’hui appelé Kimball dans la province de l’Alberta. La première maison de ma mère sur leur propre terre était composée d’une grande salle, construite en rondins avec un sol en terre battue et un toit de terre. Ma mère, qui a toujours été reconnue pour être économe et débrouillarde, a collé de vieux vêtements sur les rondins pour en faire une surface lisse et a ensuite tapissé la cabine avec des journaux. Pour recouvrir le sol battu, elle a fait un tapis de sacs de jute fixés au sol par des chevilles de bois placées sur les bords du tapis. Elle avait préalablement mis de la paille en dessous du tapis avant de le fixer au sol. Tous les visiteurs faisaient des commentaires sur la belle apparence de cette petite maison. C’est dans cette humble, mais propre petite demeure que je suis née.
Plus tard, ils ont construit une maison confortable et ont eu un ranch de bétail pendant onze ans. Pendant ce temps, cinq de leurs huit enfants sont nés.
Lorsqu’ils étaient au Canada, ma mère a été appelée à servir comme présidente de la Société de Secours, en 1906. Cette responsabilité comprenait beaucoup de tâches. Comme par exemple, tous les vêtements pour habiller les morts étaient fabriqués par la Société de Secours. En outre, elles devaient préparer les morts pour les enterrements. Parfois ma mère a dû négliger sa propre famille pour rendre ce service publique. Une fois, alors qu’elle était présidente, elle a dû se rendre à Cardston avec l’évêque pour acheter des vêtements pour une jeune mère qui venait de décédée. C’était en hiver, ce qui signifie que les conditions météorologiques étaient très incertaines. Ils ont voyagé sur une distance de 15 milles jusqu’à Cardston pour acheter des vêtements et lors du voyage de retour ont été pris dans l’une des pires tempêtes de neige du pays qui les a retardé d’environ dix heures. Ma mère avait laissé le bébé qu’elle allaitait avec sa fille de dix ans. [Elle a déclaré que lorsqu’elle est finalement revenue à la maison, son bébé et sa fille, Dollie, ont sangloté le reste de la nuit. (pas certaine à propos de cette dernière phrase..?]
Alors qu’elle servait dans cet appel et qu’elle était mère de huit enfants, elle a eu une vie très occupée. Dans notre foyer, mon père et ma mère ont toujours fait les prières en famille et obéit à la parole de sagesse; nous assistions tous à l’église régulièrement et ma mère a toujours servi dans toutes les causes nobles à chaque fois qu’on lui a demandé de le faire.
Pendant toutes les années où j’ai vécu à la maison, j’en ai gardé d’agréables souvenirs comme étant un endroit propre et ordonné et où il y avait des repas appétissants, malgré nos circonstances humbles. Finalement, ma mère a eu plus de 96 descendants vivants – 7 enfants vivants, 32 petits-enfants, 55 arrières petits-enfants et deux arrières-arrières petits-enfants.
J’espère et je prie que si c’est la volonté du Seigneur que je puisse vivre jusqu’à un âge avancé comme elle, que je sois au moins en partie aussi fonctionnelle et autonome qu’elle l’a été.
Lorraine Holm Ripplinger, est morte en 1980 à Cache Vallée, en Utah. Son petit-fils, Randall R. Ripplinger, est retourné au Canada en juin 2013 avec son épouse, Linda, pour servir en tant que missionnaires, incluant la rédaction des articles pour le site canadien Canada.lds.org.