150e du Canada: L’impact du temple de Cardston Alberta sur les Saints du sud de l’Alberta

Cardston Temple Winter

Note de l’éditeur: En commémoration du 150e anniversaire du Canada, un projet a été entrepris par des missionnaires en service, dont Roy et Carma Prete, afin de compiler un livre décrivant l’histoire de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours au Canada.  Plusieurs écrivains ont rédigé des chapitres décrivant des aspects ou des périodes séparés de cette histoire.

Ce livre, intitulé « Mormons canadiens, une histoire illustrée de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours au Canada », a été complété et nous attendons avec impatience sa publication et sa parution.

Avec la permission des Prete, un certain nombre d’auteurs ont été contactés et invités à fournir des articles basés ou liés à leurs chapitres dans ce livre.  Ce qui suit est l’un de ces articles.

Nous, de canada.lds.org, souhaitons remercier frère et sœur Prete pour leur aimable assistance ainsi que leur contribution à sa réalisation, nous tenons aussi à remercier les auteurs qui ont bien accepté d’y participer.

Lorsqu’Elder Henry B. Eyring, alors membre du Collège des douze apôtres, a visité le pieu de Raymond en Alberta en octobre 2000, il demanda au président de pieu, Terrence C. Smith, de l’amener visiter la communauté et de lui parler de la ville et des gens de cette communauté.  Président Smith raconte :

« Nous avons traversé en voiture la plupart des rues de la ville et il (Elder Eyring) m’a demandé à propos de plusieurs maisons – qui y vivaient, qu’est-ce qu’ils faisaient dans la vie, et certaines choses générales sur la démographie et l’économie de la communauté.  Au cours de la visite, il était très intéressé à propos de la profondeur et de l’engagement de l’Église, ici, dans le sud de l’Alberta.  Il fit un contraste avec les colonies Mormones dans le nord du Mexique où une partie de sa famille avait vécu.  Ces colonies furent toutes deux fondées à peu près au même moment par des personnes ayant quitté l’Utah et les États environnements au cours du conflit avec le gouvernement fédéral américain au sujet de la polygamie. Il fit la remarque que nous avions un temple, ici, au Canada dans cette région depuis environ 75 ans, à ce moment-là, et que le temple de Colonia Juarez n’avait été consacré que l’année précédente, en 1999.  Nous avons longuement discuté de l’effet de la présence d’un temple dans la création d’une communauté multigénérationnelle forte.  Il semblait convaincu que l’activité des membres ainsi que leur fréquentation du temple était une partie essentielle de ce qui permit à l’Église et à la communauté de prospérer et persévérer à travers les générations. » 1

Cardston Temple

Les bénédictions d’avoir un temple dans le sud de l’Alberta depuis près d’un siècle sont tout simplement incalculables.  À partir du moment où il est devenu opérationnel, le temple de Cardston Alberta s’est imposé comme le grand symbole de leur appartenance à l’église pour les Saints des Derniers Jours.   Il reste une constance divine malgré les changements physiques et sociaux en constante évolution.  Il reste également l’encrage de la foi des Saints résidant dans la région, dont la foi se reflète en grande partie par son histoire ultérieure.

En tant que sixième temple opérationnel à l’époque, le temple de Cardston Alberta fut dédicacé, lors d’une série de onze sessions du 26 au 29 août 1923.  Président Heber J. Grant présida et dirigea toutes ces réunions de dédicaces et fit une prière de dédicace à chacune d’elles. La prière de dédicace comprenait une bénédiction pour les Canadiens :

 « Nous te supplions, ô Dieu du ciel, que le peuple Canadien puisse  rechercher tes conseils et ta direction, que ta déclaration concernant le continent américain étant une terre de choix au-dessus de tous les autres pays et ta promesse qu’il soit protégé contre tous ses ennemis, pourvu que les gens te servent puisse se réaliser, que les gens puissent se développer en puissance, en force,  en domination et surtout en amour pour la vérité. »2

En regardant avec du recul, il est évident que cette prière de dédicace de président Grant s’est réalisée et continue de l’être. Il y a actuellement 49 pieux, 3 districts, et 9 temples au Canada. Et dans le sud de l’Alberta, il y a 10 pieux comprenant 71 paroisses et 8 branches.3 (À noter : Aux fins de cet article, le terme « sud de l’Alberta » est utilisé en référence aux communautés étant situées au sud de Calgary.)

Cardston Temple

En ce qui concerne la signification du temple au moment de sa dédicace, C. Frank Steele, un membre de l’Église et éditorialiste pour le « Lethbrige Herald » a déclaré : «C’était la récompense pour leur (les Saints) fidélité, un symbole de permanence dans leur nouvelle demeure canadienne, et par-dessus tout une évidence sûre, peut-être, que cela allait être un lieu de rassemblement privilégié pour les Saints… Le temple a apporté l’unité au sein de la communauté des Saints et les a fortifiés pour leurs épreuves futures. » 4

Cette déclaration s’est avérée prophétique.  Les épreuves et les défis faisaient partie de la vie courante dans le sud de l’Alberta, alors que l’Église et la population en général continuaient de croître.  Un défi énorme fut l’effort continu pour étancher la soif du sol semi-aride de la région, rendue encore plus sèche par les vents chauds du Chinook qui souffle sur cette région.

L’irrigation s’avéra être la clé.  À partir de leurs humbles débuts, lorsque les Saints des Derniers Jours expérimentèrent l’irrigation dans la région de Cardston, les projets d’irrigations s’élargirent pour fournir ce service à plus de six cent mille hectares productifs (près d’un million et demi d’acres).  Et parce que le système d’irrigation dépendait du débit de la rivière qui était souvent bas dans la saison de croissance des cultures, des réservoirs furent créés pour garantir l’approvisionnement en eau pour les années plus sèches. 

Canal

Pourtant, il faut se rappeler que malgré l’irrigation, une grande partie du sud de l’Alberta n’était propice qu’à la culture en terre aride, donc l’industrie agricole était soumise au caprice incontrôlable de la nature.

Au cours des années 1920, des années exceptionnellement sèches se succédèrent.  La situation s’intensifia pendant la Grande Dépression dans les années 1930.  Les conditions dans les régions irriguées du sud de l’Alberta, cependant, ne furent pas aussi mauvaises que celles des régions arides, en particulier en Saskatchewan et au Manitoba.  En raison de la disponibilité de l’eau, le pieu de Lethbridge eu une récolte exceptionnelle de pommes de terre et autres produits.

Réalisant combien les Saints avaient été richement bénis, le Collège des grands prêtres inaugura, en 1934, une initiative pour aider les agriculteurs du sud de la Saskatchewan.  Des centres furent mis en place dans chaque paroisse où les membres pouvaient déposer de l’argent ou des produits.  En raison des efforts du pieu, de nombreux fermiers non-membres commencèrent eux-aussi à déposer des produits dans les centres et l’Église Unie du Canada, en collaboration avec le pieu de Lethbridge, organisèrent des mesures de secours.

Deux wagons de marchandises furent expédiés par voie ferrée vers Régina, puis furent redistribuées aux communautés du sud de la Saskatchewan.  Dans un geste humanitaire reflétant la gravité de l’époque, les responsables du chemin de fer du Canadien Pacifique renoncèrent aux frais d’expédition.  Les wagons arrivèrent juste avant et après Noël et furent une bénédiction en temps opportun. 5

Malgré le succès de l’agriculture dans les régions irriguées, les agriculteurs des zones arides rencontraient toujours des difficultés.  Président E.J. Wood, président du pieu de l’Alberta, parla lors d’une réunion de prêtrise en 1936, lors d’une sécheresse sévère, prophétisant que si les Saints étaient fidèles, ils auraient des récoles miraculeuses.  Cependant, la sécheresse continua. Il n’y eu aucune pluie et des vents chauds soufflèrent.  Beaucoup de gens exprimèrent des doutes à propos de la prophétie, en disant « Le président a manqué son coup cette fois-ci.  Il était trop anxieux; nous sommes près de la fin; le Dieu des cieux nous a abandonné.  Les récoltes ne pourront pas être sauvées et il n’y aura aucune récolte qui ne pourra être faite. »

Au moment de la récolte, les gens avaient de faibles attentes.  Mais à leur grande surprise, les gerbes étaient remplies de grains et le rendement des cultures fut en moyenne de vingt boisseaux par acre.  Un témoin de l’événement écrivit : « Nous nous sommes exclamé, ‘La prophétie a été accomplie!  Ce qui semblait être impossible est devenu une réalité!  Comment est-ce arrivé?’»

La seule analyse qui nous semble possible est que, bien que les jours fussent chauds, les nuits fraîches produisirent d’importante rosée, mais aucun mortel n’avait la capacité de prédire cela.  Le président sortit alors de son échec apparent à la stature et à la force totale d’un serviteur divinement nommé par le Seigneur et dans l’esprit de la plupart des membres, il le resta. » 6

Avec le temps, la Grande Dépression prit fin.  La pluie vint, l’économie rebondit, et les gens commencèrent à coller les morceaux cassés et essayèrent de reconstruire leur vie.

La fréquentation du temple commença à augmenter et les sessions du soir eurent lieu deux fois par mois pour tenir compte du nombre croissant. 7

Avant la fin de la décennie, des nuages sombres, cette fois-ci des nuages de guerre, apparurent à l’horizon une fois de plus : c’était la Seconde Guerre mondiale.

Bien que loin des champs de bataille de l’Europe, les communautés du sud de l’Alberta contribuèrent de manière significative à l’effort de guerre. 8  Des bénévoles et des recrues provinrent de chaque pieu ainsi que de la communauté,  il n’y eu pas de congrégation dans le sud de l’Alberta qui ne fut pas affectée par la guerre.

Beaucoup des 77,000 et plus d’Albertains qui s’enrôlèrent dans les forces armées perdirent la vie ou furent blessés pour la défense de leur pays.  Des monuments de guerre furent érigés dans les communautés de la province en l’honneur de tous ceux qui servirent dans l’effort de guerre.

War Monument

Comme on pouvait s’y attendre, l’assistance au temple de Cardston Alberta s’améliora suite à la guerre.  Les jeunes furent encouragés à y venir en établissant un temps désigné pour qu’ils puissent s’y « arrêter » et faire des baptêmes. Le nombre de baptêmes pour les morts s’accru et les sessions de dotations augmenta.

En 1948, un vaste plan de rénovation fut mis en place, incluant des améliorations à l’extérieur et à l’intérieur du temple et, en 1962, une nouvelle addition du temple fut rendue nécessaire à cause de l’augmentation de la fréquentation.  Président Hugh B. Brown de la Première Présidence présida le service de dédicace et fit la prière de dédicace.

À partir de 1988, le temple fut fermé pendant trois ans afin de subir de nombreuses rénovations. Lorsque les rénovations furent complétées en 1991, le temple fut ouvert au public et plus de cent mille personnes y sont venus. À la fin de la période des portes ouvertes, président Gordon B. Hinckley de la Première Présidence fit la prière de dédicace. C’était la troisième série de prières de dédicaces tenues au temple dans les soixante-huit ans de son histoire. 9

En septembre 1995, le temple de Cardston Alberta fut désigné comme lieu historique national.  Bud Olsen, un membre du Sénat canadien, dévoila une plaque commémorative disant qu’avec cette attribution le temple venait  d’acquérir une importance architecturale et nationale. 10  Le gouvernement reconnu le temple pour son « identité distinctive et son héritage national », mais pour les Saints c’était et cela continuait d’être la Maison du Seigneur, un édifice avec une signification éternelle, une structure étant le grand symbole de leur appartenance à l’Église. 

Temple plaque

Toute l’histoire de l’Église dans le sud de l’Alberta est une histoire de membres fidèles profondément enracinés dans leur témoignage et dans leur fidélité à l’Église.  Le temple fut le centre de leur vie spirituelle et le symbole de leur engagement envers l’Évangile de Jésus-Christ.

Alors que les temps économiques fluctuèrent et que la population passa des zones rurales aux zones urbaines, le sud de l’Alberta ne fut pas seulement le « semis » de la croissance de l’Église au Canada, mais fournit également une riche récolte de dirigeants religieux et civiques.

La force des Saints du sud de l’Alberta atteste des bénédictions provenant du fait d’avoir un temple à proximité  --  des bénédictions qui créèrent « une communauté forte de l’Église » qu’Elder Eyring loua  lorsqu’il visita le pieu de Raymond, en octobre 2000.

Notes:

1 Terrence C. Smith, president of the Raymond Alberta Stake, 1997-2001, unpublished article, in possession of Darrel Nelson.

2 V.A. Wood, The Alberta Temple: Centre and Symbol of Faith (Calgary: Detselig Enterprises, 1989), 80.

3 “LDS Temples and Mormon Church in Canada” at www.ldschurchtemples.com/statistics/units/canada.

4 V.A. Wood, The Alberta Temple: Centre and Symbol of Faith, 104.

5 Ardis E. Parshall, “Lethbridge Alberta: ‘Ye Shall Obtain Riches…to Feed the Hungry,’” (The Keepaptichinin—A semi-occasional paper, Feb. 25, 2010, www.keepapitchinin.org/?s=Lethbridge&submit=Search.)

6 Olive Wood Nielsen, A Treasury of Edward J. Wood (Salt Lake City: Publishers Press), 1983, 612-13.

7 V.A. Wood, The Alberta Temple: Centre and Symbol of Faith, 120.

8 Melvin S. Tagg, Asael E. Palmer, and others, A History of the Mormon Church in Canada (Lethbridge: The Lethbridge Herald, 1968), 149.

9Cannon, “Alberta Temple ‘washed, polished,’” Church News, 29 June 1991, 3.

10 “Alberta Temple joins Canada’s historic buildings,” Westwind Community News, vol. 2, number 38, 19 September 1995.