Le mercredi 20 juin 2018 a commencé comme toute autre journée typique. Ma femme, Marsha, et moi, avons travaillé nos quarts de travail aux Services d’emplois, à Lethbridge, Alberta, et avons ensuite préparé notre voyage au pieu de Fort Macleod Alberta pour former nos dirigeants dans le nouveau Programme de l’Église pour l’autonomie. Nous portions deux chapeaux durant ce temps-là - missionnaires de services d’entraide à temps partiel et des missionnaires autonomes à temps plein. Les deux missionnaires ont bien synchronisé dans l'œuvre d’aider d'autrui à apprendre l’autonomie.
Avant de quitter pour Fort Macleod, nous avons décidé de prendre une bouchée à A&W. Nous n‘avons pris que quelques petites bouchées de nos hamburgers que nous avons commandés quand mon cellulaire a sonné. J’ai regardé l’écran et j’y ai vu « Salt Lake City, Utah ». J’ai tout de suite pensé que c’était mon fils, qui habite en Utah et m'appelait de son téléphone de bureau. J’ai répondu, en m’attendant à entendre sa voix, mais j’ai entendu « Est-ce Elder Nelson ? » Ce n’était pas la voix de mon fils. Mon cœur commençait à battre plus fort quand la personne au bout du fil a dit, « C’est Elder Wilford Anderson et j’appelle de Salt Lake ». Est-ce que votre femme est avec vous? Est-ce possible de vous parler tous les deux?
Un appel inattendu pourrait changer l’orientation de notre vie
Nos esprits s’emballent ; Sœur Nelson et moi avons quitté la table et nous sommes rendus près de l’entrée principale pour mieux l’entendre. J’ai mis le téléphone en mode « haut-parleur » et nous sommes restés serrés l’un contre l’autre pendant qu’Elder Anderson expliquait que l’on m’avait appelé à titre de 2e conseiller dans la présidence du Temple de Cardston Alberta et que Sœur Nelson avait été appelée comme matrone adjointe. Il nous a demandé par la suite si nous acceptions ces appels.
Nous étions choqués à ce moment-là, mais je me rappelle avoir répondu calmement, [traduction], « Elder Anderson, il n’y a qu’une réponse que nous pouvons te donner dans cette situation ». Il a rigolé un peu, puis nous avons conversé davantage. Il était impossible pour Sœur Nelson et moi d’absorber tout ce qui a été prononcé en ce moment-là, mais nous avons compris le fait que nous ne pourrions rien dire à personne pour le moment. Quand nous avons enfin dit « au revoir » et sommes retournés dans le salon pour manger, nous n'avons plus envie. Nous sommes restés assis, un peu étourdis, jusqu’au moment de quitter à destination de Fort Macleod. C’était particulièrement difficile ce soir-là de nous retrouver dans la réunion de formation et d’entendre l’un des membres du comité nous dire, [traduction] « Nous sommes très heureux que vous alliez prolonger votre mission d’autonomie ». Nous avons tout simplement souri sans trop d’engagement.
Un peu plus tard, nous avons pu partager la nouvelle, mais je suis toujours étonné par le fait que nous avons eu cette permission quand nous étions au restaurant A&W. Quand j’ai partagé cette nouvelle un peu plus tard avec Frère Mark Stubbs, spécialiste d’autonomie de pieu, il m’a répondu, [traduction] « Et bien, vous savez bien ce que représente A&W, n’est-ce pas? » C’est bien « able et willing » (capable et désireux). J’ai souri en entendant son interprétation et me suis dit, [traduction] « Je suis désireux de servir, mais je me sens si découragé que je ne suis plus certain si je suis ‘capable’. »
Les anges sont envoyés pour me fortifier
Je m’inquiétais davantage quand j'avais été mis à part comme seconde conseiller et ai commencé mes devoirs. Tout au début de mon service, je me suis retrouvé seul dans la salle céleste du Temple. C’était après une journée bien intense, dont certains événements n’ont pas avancé comme j’aurais voulu et j’aurais bien aimé changer ce que j’ai fait et la manière dont j’ai réagi face à ces événements. J’étais bien conscient de mes insuffisances personnelles et ai demandé au Père céleste, [traduction] « Est-ce que je suis vraiment fait pour cet appel ? Est-ce que je peux vraiment remplir mes responsabilités de manière à la fois acceptable et agréable? »
Au fur et à mesure que je priais, j’ai regardé les chaises et les fauteuils vides dans la salle céleste du Temple. De ma perspective, je voyais mes chers parents, mes grands-parents et d’autres proches décédés assis devant moi. Une forte impression est tombée sur moi au fur et à mesure que je les voyais en train de sourire et de manifester leur amour et leur appui pour ce que je faisais. Puis, lorsqu’ils semblaient se rassembler autour de moi, j’étais stimulé par la réalisation qu’ils me connaissaient et qu’ils priaient pour moi. Je savais également que le Seigneur me connaissait et me reconnaissait, et j’ai ressenti Son amour pour moi.
J’ai tout de suite pensé aux préoccupations que le prophète Moroni exprima au Seigneur sur le fait qu’il eut une faiblesse à écrire et qu’il trébucha à cause de l’arrangement de ses paroles (voir Éther 12:23-25). Il se sentit inadéquat, tout comme je me ressentais lorsque je suis entré dans la salle céleste. Mais, quand l’Esprit m’a chuchoté et des larmes m’ont monté aux yeux, les paroles que le Seigneur prononça à Moroni me sont venues à l'esprit, « [...] et ma grâce suffit aux humbles [...] (Éther 12:26). C’est à ce moment-là que j’ai appris que mes efforts étaient acceptables aux yeux du Seigneur. Grâce à Sa main, j’ai pu réussir à accomplir mes responsabilités. Tous les doutes que j’avais ont disparu et j’ai quitté la salle céleste, en chantant tout doucement « Je ressens son amour » (Chants pour les enfants, 30).
Lorsque nous offrons notre cœur au Seigneur, Il nous offre Ses mains
Je me suis rendu compte que le Seigneur ne s’attend pas à ce que je sois parfait Il m’a tout simplement demandé d’avoir la vraie volonté de servir et, ce faisant, Il fera en sorte que je sois plus capable de servir. Comme le disait Président Thomas S. Monson, « Le Seigneur qualifie celui qu’il appelle » (Rapport de Conférence, Liahona, mai 1996). J’ai voulu tout simplement être entièrement qualifié dès le départ, mais j’ai découvert que j’ai dû aller de l’avant, « ligne par ligne, précepte par précepte » (Doctrine et Alliances 128:21). C’est la manière dont le Seigneur nous offrir une formation individuelle. Le processus pourrait nous paraitre lent et parfois imperceptible, mais nous ne pouvons le contourner ou le parcourir rapidement, car des expériences requises pour notre croissance et développement personnel nous échapperont. (Doctrine et Alliances 121:7).
Je serais heureux de pouvoir dire qu’à partir de ce moment-là, j’ai toujours bien agi envers les aspects du temple, mais c’est loin de la vérité. Le processus de se qualifier pour le processus d’apprentissage et de développement personnel a dû se poursuivre. Et, malgré les défis du processus, l’amour que j’ai éprouvé envers le Seigneur s’est davantage approfondi et les années de service qui suivaient avec Président D. Wesley Balderson et Président Ron Jacobs, ainsi que leurs femmes, ont été et sont toujours des années précieuses. Notre période de service est passée bien trop rapidement, mais les leçons que j’ai apprises pendant ces années demeurent toujours vives. Même aujourd’hui, soit deux ans depuis notre retour, chaque fois que je passe devant un A&W, je me rappelle toujours l’origine de l'expression « capable » et « désireux ».