Le 21 mai 2022, une tornade, appelée un « derecho », a balayé la région de la Capitale nationale et la région entière a été privée d’électricité. Hydro Ottawa a travaillé d’arrache-pied pour rétablir l’alimentation électrique le plus rapidement possible. (Une série de vents violents qui sont à la fois vastes et rapides, parfois avec des orages très forts qui traversent de grandes étendues et qui sont notamment caractérisés par des vents dévastateurs).
Étant donné que ce n’était pas la première tornade à passer dans la région au cours des dernières années, nous ne savions pas trop ce qui nous attendait, surtout parce que nous sommes situés dans l’épicentre de la tornade. La propagation de rumeurs a dominé toutes les conversations et, compte tenu de l’énorme mine d’informations, nous ne savions plus à qui nous fier. Certains proclamaient que l’alimentation serait rétablie dans les prochaines 24 heures ; d’autres affirmaient qu’ils « avaient entendu d’une source fiable que cela prendrait au moins trois jours ».
Au fur et à mesure que les images circulaient dans les quotidiens et sur les médias sociaux des dommages dans la région, notamment dans notre quartier (image 2), nous nous sommes rendu compte que l’alimentation ne serait pas rétablie dans un avenir proche, comme disaient certains. Des circuits de haute tension ont été abattus et des lignes électriques se sont rompues comme des allumettes le long des rues principales, et ce, à la perte de vue. De nombreux postes de transformation ont également été endommagés. Bref, c’était une véritable catastrophe naturelle.
Sans électricité, les résidents de notre immeuble, comme un peu partout dans la ville, étaient dans une crise, notamment ceux ayant des besoins de santé particuliers comme, par exemple, des résidents mis sur l’oxygène. La direction s’en est vite rendu compte et a fait livrer du gaz pour un générateur permettant d’alimenter une petite salle commune dans l’immeuble. Ce petit geste a permis aux résidents dans le besoin de surveiller et de contrôler leur état de santé, de charger leurs appareils électroniques pour rester en contact avec leurs proches et, plus important encore, de préparer à manger pour leurs familles.
Quelques jours avant que le derecho ait pas mal dévasté notre région, nous avons fait des commissions et avons rempli notre congélateur à capacité - un congélateur qui, depuis la panne, n’avait plus d’alimentation. Qu’est-ce que nous allions faire dans cette situation terrible? Nous allions finir par jeter tout ce que nous venons d’acheter – du porc, du poulet, des légumes, des fromages et tout autre produit périssable (image 3). Lorsque nous nous sommes rendu compte que l’électricité ne serait pas rétablie avant encore plusieurs jours, nous avons eu l’idée de préparer de la nourriture en masse dans la salle commune pour la famille, mais aussi pour ceux et celles dans le besoin. Puisque nous avions l’habitude de préparer des repas pour les membres de l’église, notamment pendant les sessions de Conférence générale, nous savions bien ce qui nous attendions…et nous étions fiers de nous retrouver dans la cuisine en famille à préparer les repas pour un grand nombre de personnes encore une fois. Notre fils de 15 ans était bien heureux de travailler à côté de son papa dans la cuisine (image 4) pendant que sa maman montait et descendait pour nous chercher tout ce dont nous avions eu besoin pour préparer à manger.
Nous étions bien conscients des autres qui voulaient préparer des repas pour leur famille et leur avons donné de la place et des outils pour le faire. Pendant que nous préparions nos articles, nous avons demandé à des personnes déjà présentes dans la salle commune d’aller chercher leurs voisins et toute autre personne qu’elles voyaient dans l’immeuble pour les inviter à manger…nous en avions vraiment en masse. Nos résidents et voisins ont bien répondu. Peu à peu, les gens arrivaient de partout dans l’immeuble et s’installaient autour des tables dans la salle commune pour manger et, mieux encore, pour mieux se faire connaître. C’était vraiment un sentiment d’appartenance et de communauté que nous n’avions jamais témoigné auparavant dans nos 12 ans dans l’immeuble.
Après neuf longues journées et nuits sans électricité, l’alimentation a enfin été rétablie dans le quartier et dans l’immeuble et nous avons chacun repris nos activités normales avec un grand soupir de soulagement. En dépit de toutes les difficultés liées à la crise, nous avons pu garder l’esprit d’appartenance connexe – que nous n’aurons fort probablement pas pu avoir autrement, même si nous demeurons tous dans le même immeuble. Quelques mois plus tard, les résidents continuent de s’en souvenir lorsque nous nous croisons dans les corridors ou dans l’ascenseur.
Est-ce une épreuve difficile? Bien sûr que oui! Certains appareils électroniques ont sauté ; bien des aliments ont pourri dans les frigos et dans les congélateurs non alimentés ; d’autres articles ont dû être remplacés, ce qui a coûté bien cher à des familles ; d’autres personnes ont perdu une grande partie de leur salaire, car leurs lieux de travail étaient forcés de fermer pendant la panne. Mais, peu à peu, cette expérience terrible s’éloigne de nos esprits et je suis convaincu que nous sommes tous et chacun plus fort après avoir traversé cette expérience ensemble. D’autres épreuves semblent être moins pesantes ; les résidents qui vivent seuls savent qu’ils peuvent dorénavant compter sur leurs voisins et sur la communauté pour s’entraider, au besoin.
Je vois la main du Seigneur dans ma vie, notamment pendant les moments les plus difficiles. Cette expérience difficile que nous avons témoignée en mai 2022 nous a permis de connaître davantage les résidents dans notre immeuble ; mon fils a pu voir comment réagir et s’entraider en moments de crises (et il était content d’y faire sa part pendant cette épreuve); nos résidents ont pu avoir une petite lumière d’espérance pendant une période autrement seule et noire. Bénis sommes-nous tous!